JEAN-BAPTISTE LORTHIOIS
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MAGDA BACHA - Cycle de performances chantées
La puissance politique des œuvres de Jean-Baptiste Lorthiois ne réside pas seulement dans le fait de réussir à nous tirer de notre indifférence en abordant et thématisant des questions sociales, culturelles, ou politiques. Elle est plutôt à trouver dans les disruptions et les brèches que ses œuvres ouvrent au sein de l’ordre hiérarchique établi entre visible/invisible, entre dicible/indicible. En cela, elles proposent au spectateur un nouveau partage du sensible par l’expérience de l’altérité. Plus loin encore, il ne s’agit pas de provoquer l’émoi du spectateur pour voir quelle sera sa réaction, il le dit d’ailleurs lui-même : « Il n’y a rien de gratuit là-dedans ». Bien plutôt, il s’agit d’un geste incongru qui tente d’exister, de créer un espace viable, là où on ne l’attend pas. Quand Jean-Baptiste chante, il faut plutôt y voir une tentative (avec ses doutes et ses imperfections) d’aller à la rencontre de l’autre, de tracer un portrait de soi en creux, de faire l’expérience salutaire et toujours inachevée de l’émergence des multitudes de soi.
J’arrive, attendez-moi, nous allons nous connaître, est l’histoire d’une architecture qui veut se réconcilier avec ses habitants. Dans cette gare, anormalement déserte, dans ce lieu de passage où de nombreux chemins se croisent, Jean-Baptiste nous invite à travers les paroles de la chanson Message personnel de Françoise Hardy à accepter et reconnaître certains différends et/ou différences. C’est une invitation à ne pas rester campé sur ses positions. Réminiscences fait appel à un rapport à soi, plus intime encore, dans le fait d’aller chercher un vieux souvenir poussiéreux, oublié (in)consciemment, pour dire ce que l’on ne parvient pas à dire. Jean-Baptiste ne sait pas rapper, il ne parle pas non plus portugais ou créole. Pourtant, dans Toi-même, chanter du NTM dans ces langues étrangères revient à s’exposer courageusement dans un environnement inconfortable pour manifester une volonté de s’agencer dans un tout, de se faire une place pour exister, d’ajouter sa voix même balbutiante à celle des autres. L’irruption inattendue de Jean-Baptiste dans un espace marginal, qui a dû lui-même lutter pour exister, floute en même temps les limites entre dominants et dominés dans notre société. Enfin, Featuring est un refus de se laisser affliger par le poids de toutes ces promesses pour une utopie finalement vaine, qui nous ont été faites et nous ont conditionné, par épuisement, à vivre chroniquement avec des acouphènes et à porter des œillères. Featuring est la création d’un nouvel imaginaire possible né du mélange d’une pluralité d’énonciation.
Votre arrivée en gare au commencement de l’exposition vous invite à faire le voyage, à votre guise, de cette expérience sensible qui vous établit un peu hors de vous-même pour construire un nouveau rapport à soi.
SUZAN VACHON
De toute évidence ce travail est un écho. Comme tout écho il propose une transformation, des distorsions.
La recherche formelle et conceptuelle offre des points d’intérêts tout en ramenant une forme et un matériau dont les qualités tactiles et sémantiques nous sont révélées.
Ready made, construction édifiée dans un assemblage matériel dont la stabilité est à la fois précaire et mise à l’épreuve (principe architectural de 1ère importance) à cause de l’adhérence du ruban et du mouvement dont la cadence rapide assure le retour.
Construction sans filet de secours, où l’oscillation et le tremblement sont des principes de fragilité précaire, le texte choisi « sur la vibration des bâtiments» renforce la métaphore architecturale. Cette construction tectonique excave certaines images ou terreurs propres à notre époque (Fukushima, Kumamoto, les tremblements de terre de Trieste ou de l’Aquila) et nous rappelle que l’artiste est un instrument sensible qui réagit à son époque.
JEAN-BAPTISTE LORTHIOIS
Everything starts from travel experiences. Images clash and I can’t stop thinking about Tokyo when I'm in Romania, seeing Istanbul when I'm in Canada.
This shift is the starting point of my work as a sculptor and performer, it is done by looking for the affordance of a subject. The affordance is a potentiality of actions, the range of capabilities offers by an object. Drawn in the potential rather than the function, rather than the efficiency. As soon as we put aside the directly induced status of an object, a body or a landscape, a rich space of creation emerges. Just as a Romanian pastry can look like a Tokyo building, a parasol can evoke a flower, a broom a stem, a song a speech.
These actions are invitations to assume a status moves.
By mixing architectures, objects and encounters, shapes become hybrid and generate meaning. Put away from their contexts, they belong to no one and to everyone at once.
To allow oneself to move around us, to move oneself, to try spaces where we are not expecting, to go into the opposite direction of presuppositions. A basket is a vase, an artist is a singer, Canada is Japanese.